Récit d'une saison boum boum pow

Récit d'une saison boum boum pow

Et boum. L’annonce de la pandémie nous est rentrée dedans comme un traversier dans le quai de Matane.

Étrangement, c'est avec excitation et curiosité que j'ai observé le bulldozer fermer notre économie. Un soupir de soulagement pour cette pause planétaire. Pour les koalas à boutte, les abeilles en burnout, et pour les océans vidés. Déchirement entre mes humains et la nature que je chéris.

Mais avant tout il fallait parer le coup pour notre petite équipe. Se creuser la tête sur l’adaptation à cette crise mais aussi réfléchir à long terme sur comment continuer de travailler en écoutant et en respectant le cri du cœur de la nature.

C'est dans la tempête que je manoeuvre le mieux mon gouvernail. Si parfois que je me considère chanceuse et que je doute que la vie nous est bonne par un coup du hasard et non du dur labeur, cette fois-ci je me suis dit: "Voici ma chance de voir si j'ai un minimum de talent. Pour vrai."

Une saison? Pas de saison? Des employés? Pas d'employés? Plus de transport? Les garderies fermées? Plus moyen d'exporter? Plus moyen d'acheter des fournitures? Le défi était de taille.

Rassurer une équipe, sans trop savoir ce qu'il adviendra demain. Laver Chip trois fois par semaine en même temps que les pintes de lait. Reprendre goût à la gestion, goût qui s'était essoufflé peu à peu. Retrouver mon rôle de capitaine. Parce que cet été, nous avons navigué dans la brume, avec des écueils à bâbord, à tribord, à toutes les semaines.

Heureusement, j'avais les meilleurs avec moi. 

26 juin, la saison incertaine réouvre. On est sceptiques. Mais voilà, vous êtes au rendez-vous.

On fait tout pour vous servir du mieux qu'on peut. On se donne comme défi de ne pas avoir besoin de la subvention salariale. Si on fait parti de ceux qui peuvent avoir un gagne-pain, on fera tout ce qu'il faut pour y faire honneur. 

On s'adapte. Vite des masques. Un t-shirt spécial pour les courageux qui se sont rendus aux Iles. Phanie, imprime et cuit plus de 1000 masques durant la chaleur de fin juillet. Je me lève à 5 heures du matin pour sérigraphier des t-shirts, pour être sûre de ne pas manquer le momentum. 

Blessure dans l'atelier. Martin déménage ses pénates à la production pour éviter les manques. Marie-Hélène court pour emballer les commandes, délaisse son bureau pour travailler plus que jamais sur le plancher, faute de coéquipiers suffisants. Nous sommes essoufflés.


En manque de 3 nouveaux employés, restés eux sur le continent Covid oblige, nous fermons les soirées. Ça nous déçoit. Trop tard en plein rush pour en former de nouveaux totalement autonomes. En même temps le répit est bienvenu.

On prend une chance de demander de l’aide et on nous répond. Les anciens de passage sur les Îles pour des vacances répondent présents! 

Ils proposent de venir suer de la face dans leurs masques au lieu de faire de la plage et ça, on ne l'oubliera jamais. 

C'est dans ces moments qu'on se dit que ça doit être pas si pire travailler à l'Atelier. Marie-Hélène et moi on se tape un ti peu dans le dos.

Août.  Accumulation d'anxiété.  Je flirte avec de la médication. Diriger avec le cerveau d'un zucchini trop cuit. S’inquiéter. Rêver à du Purel. Perdre mes masques, perdre beaucoup trop de masques. Oublier des courriels, oublier des commandes, oublier de rappeler, oublier... les payes. Faire des choix,  devoir dire non, prioriser.  C'est beaucoup pour un zucchini surchauffé.

Marie-Hélène me fait comprendre qu'elle me "watch".  Avec sa complicité, tout va bien. Elle inspecte mes boites, surveille les communications s’arrange pour que tout roule. Michael me rappelle de respirer. Même si lui-même en a sans doute bien besoin.


Toucher pied, reprendre le dessus. Apprécier notre succès. Être tellement reconnaissante. Chérir la clientèle respectueuse, positive, généreuse et encourageante. 

Comprendre qu'on nous offre un cadeau: une saison laboratoire. Une éprouvette de  trois mois où on peut tester notre vision avec une clientèle en or et... surprise! Elle nous met le vent dans les voiles.

" Ensemble, on a tout le potentiel pour faire quelque chose de génial. "

-Michael Leblanc

Cette volonté de vouloir faire plaisir à tout le monde. De satisfaire toutes les clientèles au détriment de nos goûts et même de nos valeurs. Est-ce nécessaire? Vous direz ben non! Mais ce n'est pas si facile. Avoir peur de ne pas se faire aimer. Vous savez? 

Ça prend du courage à mon avis. Mais on fonce, quitte à le faire à plus petite échelle.  

Et si on créait que des choses qu'on voudrait nous-mêmes dans nos vies?

-Martin Fiset

Mi-septembre, on s'est retrouvés au chalet pour discuter de tout ça. Pour s'assurer que notre coeur vibre d’aspirations qui se rejoignent et qu'on se comprend bien. Y'avait Chip qui voulait manger des chips, y'avait des souris et des brownies de l'Arbre à pains. Les nuages ont laissé place à un épique coucher de soleil et on s'est dit que c'était bon signe. Nous sommes des créateurs, amoureux de la nature, de l’art, du design. Des créateurs de lumière dans un monde temporairement nuageux. Et on s'est surtout dit: Quelle chance on a de vivre ici! 

"Y'avait des chips et je m'appelle Chip mais j'ai pas pu en manger. "

-Chip

Notre équipe tient à remercier ces gens sans qui la saison se serait déroulée bien différemment : Marie-Michelle, Eve, Marie-Anne, Océanne, Léna, Anna, Ariane, Alexandra, Marjolaine, Marina, Nicole et Albert, nos fournisseurs, le maire, le député, mon médecin, Rolande et ses acolytes au bureau de poste, Cyr transport, CTMA, le Café de la Grave et ses pâtés au millet, nos amis pour leur compréhension, la Santé publique pour leurs conseils et bien sûr nos clients.

Produits 2020

Un aperçu des produits que nous avons sortis cette année.

t-shirt reflet
masque requin
Sous-plat algue
foulard Renards dans la nuit
Baigneuse

Merci d’être là et psst...

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